Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand Huon vit Charlemagne, le sang lui monta des pieds au visage. Les douze barons qui s’étaient portés pièges pour lui s’avancèrent vers l’empereur.

— Eh bien ! sire, dirent-ils, voilà Huon. Sommes-nous quittes envers vous ?

— Oui, dit Charles ; puisque je le tiens, il ne m’échappera pas.

Huon s’approcha du roi et, s’inclinant jusqu’à terre, lui dit :

— Sire, écoutez-moi et faites-moi justice. Je me plains à Dieu et à vous, et aux barons qui sont assemblés ici, du traître que voilà, de Gérard, que je ne puis plus appeler mon frère, car depuis le jour où Caïn a tué Abel on n’a pas entendu parler d’un tel frère, aussi méchant et aussi félon.

En l’entendant, tous les barons pleuraient de pitié et regardaient Huon avec attendrissement

— Ah ! se disaient-ils l’un à l’autre, celui-là ne vient pas de faire la cour aux dames ! Nous l’avons vu si beau, et comme