Il s’arme, il fait amener son cheval Blanchard, plus blanc que fleur de pré et richement harnaché : la selle était d’ivoire, le frein d’or pur, sur le poitrail tintaient trente clochettes d’or. Il sort ainsi de la ville et s’écrie :
— Y a-t-il un des vôtres qui ose jouter avec moi ?
Les Sarrasins se disent l’un à l’autre :
— C’est Sorbrin. Celui qui l’attendra est perdu.
Aucun ne bouge, mais Huon s’avance, en maudissant son cheval, qu’il ne peut décider à trotter, et crie de loin à Sorbrin :
— Frère, attends-moi !
— Que demandes-tu ? dit Sorbrin.
— À jouter contre toi.
— Es-tu Sarrasin ?
— Moi ? dit Huon, Dieu m’en garde ! Je crois en celui qui pour nous fut crucifié. Si je suis pauvre, ne me dédaigne pas : je suis chevalier et de bonne race.
— Tu est fou, dit le païen. C’est ta