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— Le jeu n’est pas fini, dit Huon, et vous vous repentirez de vos railleries quand il vous faudra épouser le garçon d’un pauvre ménestrel.

La jeune fille regarde Huon : l’amour entre dans son cœur ; soit qu’elle pense trop à lui, soit qu’elle le fasse exprès, elle commence à faire des fautes, et bientôt Huon est près de gagner.

— Sire amiral, dit-il, vous voyez comment je joue ; il ne tient qu’à moi maintenant de dire mat à votre fille.

— Ma fille, dit l’amiral, levez-vous. Maudite soit l’heure où vous êtes née ! Vous avez maté tant de grands seigneurs, et vous vous laissez battre par ce garçon !

— Sire, dit Huon, ne vous désolez pas ainsi : l’enjeu que vous m’avez offert, je n’y tiens pas. Gardez votre fille pour un autre gendre ; moi je retournerai servir mon bon maître.

— Si tu veux faire cela, dit Ivorin, je te ferai donner cent marcs d’argent.

— C’est entendu, dit Huon.