Tu es bien confiant, dit l’amiral. Ne crains-tu pas qu’un jour où tu auras recueilli beaucoup d’argent il ne se débarrasse de toi à un de ces mauvais pas ? Fais-le venir devant moi.
Huon s’approcha du fauteuil de l’amiral.
— Vassal, lui dit celui-ci, n’as-tu pas honte de servir ce ménestrel qui mendie son pain ? Tu ne sais donc pas un métier plus honnête ?
— Un métier ? dit Huon. Ce ne sont pas les métiers qui me manquent. Si vous voulez, je nommerai ceux que je sais.
— Je le veux bien ; mais prends garde à ne pas t’aller vanter d’une chose que tu ne saches pas, car je t’avertis que je te mettrai à l’épreuve.
— Sire, dit Huon, j’y consens : écoutez donc les métiers que je sais. Je sais bien soigner un épervier et lui faire passer sa mue ; je sais chasser le cerf et le sanglier, et, quand j’ai pris la bête, je sais corner