Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/233

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outre pleine de vin et un hanap de bois. Il venait de verser du vin dans le hanap ; mais il ne pouvait boire, et ses larmes tombaient dans le vin. Il vit tout à coup devant lui le jeune homme nu qui le regardait. Il eu grande peur.

— Homme sauvage, s’écria-t-il, ne me fais pas de mal !

— Sauvage ? dit Huon, je le suis assez, c’est vrai ; mais je ne veux rien vous faire. Donnez-moi seulement un peu de votre pain.

— Tu en auras, dit le ménestrel, mais d’abord tu me diras en quel dieu tu crois.

— Ma foi ! dit Huon, en celui que vous voudrez.

— Ami, tu me fais grande pitié. Tu vas prendre dans ma valise de quoi couvrir ton corps, puis tu viendras t’asseoir à côté de moi ; tu mangeras mon pain et tu boiras mon vin clair, car je n’ai pas le cœur d’y goûter : j’ai un trop grand chagrin dans l’âme.