Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/228

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moi, il a rempli son message, il a tué l’amiral Gaudise, et il a emmené sa fille Esclarmonde. Je lui avais défendu de s’approcher d’elle jusqu’à ce qu’il l’eût épousée, et il m’a désobéi ; il est tombé à cause de cela dans une si grande misère qu’il a perdu tout ce que je lui avais donné, et le bon haubert, et le hanap d’or, et le cor d’ivoire, et Esclarmonde elle-même. Il est maintenant abandonné dans une île lointaine, nu, les poings liés et les yeux bandés. Que Dieu le confonde ! Il l’a bien mérité ; je ne le tirerai pas de là.

En l’entendant, Malabron, celui qui avait transporté Huon au travers de la mer Rouge, se jeta aux pieds de son seigneur.

— Sire Auberon, lui dit-il, vous avez tort. Voyez : Dieu avait créé Adam et sa femme Ève, il leur avait donné le paradis tout entier, ne leur défendant qu’un seul fruit. Ève, tentée par le diable, en mangea et en fit manger à Adam. Eh bien ! cet