Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/203

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grande faux qu’il portait comme son frère et entra ainsi à pied dans la ville. Il franchit les quatre ponts sans que les portiers osassent l’arrêter ; il monta les degrés de marbre, et entra dans la grande salle. L’amiral était assis à dîner et Géreaume le servait. Le géant heurta la table si rudement que la coupe d’or se renversa ; tous tremblaient à sa vue.

— Que Mahomet, s’écria-t-il, confonde l’amiral Gaudise, ce serf et ce mauvais traître !

— Agrapart, dit l’amiral, vous avez tort de m’insulter ainsi dans ma cour. Que me voulez-vous ?

— Je te demande compte de la mort de mon frère. Je sais que celui qui l’a tué est venu ici et que tu l’as fait mettre dans ta prison : tu devais le faire pendre et traîner sur la claie ; si je ne craignais de m’avilir, je te frapperais si rudement que le sang en jaillirait ! Allons, descends de ton fauteuil : tu ne dois pas rester assis devant moi.