Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/159

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— Par ma foi ! je voudrais que Charlemagne fût ici : nous verrions ce qu’il dirait. Je crois que si je lui proposais de nous en aller, ma paix serait bientôt faite. Mais, grand Dieu ! que vais-je faire ? Faut-il l’éveiller ? Faut-il partir sans lui avoir parlé ? Je ne sais vraiment à quoi me résoudre. Jamais on ne me reprochera de l’avoir frappé sans défi. Je suis ici devant Dieu, Dieu voit ma pensée, et je ne puis, sous ses yeux, songer à une trahison…… Allons ! cria-t-il, fils du diable, veilles-tu ou dors-tu ?

Le géant, à ce cri, sursauta si violemment que le châlit faillit s’en rompre. Il sauta sur ses pieds et se dressa devant Huon de toute sa grandeur.

— Vassal, dit-il, qui diable t’a amené ici ?

— Ma foi, dit Huon, puisque tu entends le français, je vais te le dire en bon français : c’est ma grande folie et mon outrecuidance.

— Tu aurais raison, dit le géant, si j’étais armé et fervêtu : alors je ne don-