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— Ah ! dit Auberon, voilà une bonne parole. Jamais un salut n’aura été récompensé comme celui-ci.

— Sire, dit Huon, dites-vous vrai ? Je m’émerveille grandement de ce qui vous fait vous attacher ainsi à mes pas.

— C’est, dit Auberon, que je t’aime, parce que tu as le cœur le plus loyal que j’aie jamais trouvé dans un homme. Tu ne sais pas qui je suis. Écoute. J’ai eu pour père Jules César et pour mère la fée Morgue. Quand je naquis, il y eut de grandes fêtes ; trois fées vinrent visiter ma mère et me souhaiter ma destinée. Il en eut une qui trouva qu’on ne lui avait pas fait assez d’honneur : elle me donna en don que je serais un petit nain tel que je le suis, et qu’après trois ans je ne grandirais plus. Elle regretta ensuite ce qu’elle avait fait, et, pour le compenser, elle me donna un autre don, c’est que je serais ce qu’il y a de plus beau au monde après Dieu, et, tu le vois, je suis beau