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Qui pourroit exprimer l’honneur que ces Evantes
Sur le mont Citheron faisoient au Bromien ?
Les dances de Cibelle avec ses coribantes
Prenant possession du sceptre Nysien !

Plus bas au fond obscur d’une salle venelle
Une vieille ridée aux cheveux tous chenus,
Disoit qu’en son jardin croissoit de la morelle,
Qui jettoit de la glace au brazier de Venus.

Passant chemin, je vy une cabarettiere,
Qu’un scribe carressoit dessus un tabouret,
La deesse Themis devenir taverniere,
Et le greffe tenir dedans un cabaret.

Je vy pleine de vin une infame boitteuse
Qui grommelant disoit à son vieux sacerdos
Quelle enrageoit de voir que sa fille amoureuse,
Faisoit à leur instar de la beste à deux dos.

Se conchiant disoit une veufve maigrette,
Qui vouloit faire encor piquer son canevas,
Qu’elle estoit grasse au cul ainsi que l’alouette,
Et que les bons morceaux n’estoient pas les plus gras.

Apres l’on me monstra la grand jument d’Estampe
Que jadis chevaucha le bon Pentagruel,
Qui metamorphozée en une vieille lampe,
Esclairoit ses enfans au chemin du bordel.

Lors parut à mes yeux un spectacle effroyable,
Ce fut un veau couplé sur ceste grand jument,
Dont un monstre nacquist qui fut si formidable
Qu’on le mit aussi tost du ventre au monument.