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Nisance est une ville aux isles armoriques
Dont les flancs sont souvent d’un grand fleuve battus
Où ne sont que serpens, que monstres fameliques,
Gens yvrongnes, grossiers, ennemis des vertus.

Là dans un vieux dongeon, je vy, ô cas indigne !
Plusieurs masles couplez d’un furieux amour
L’on me dit que c’estoient des pescheurs à la ligne,
Et que l’invention en venoit de la cour.

Aussi j’y vy pescher d’un jeune capitaine
L’honorable drapeau par cet accouplement,
L’autre au bout de sa ligne un cabinet entraine,
L’autre une pension, l’autre un gouvernement.

L’un qui portoit au cu la gregne boutonnée,
Les caleçons fendus en planche de sapin,
Me dit qu’un brave Mars assisté d’Hymenée,
Avoit bany du ciel Ganimede et Jupin.

Quand j’eu consideré tant de jeunes moustaches,
Qui monstroient rechignant leur postures tous nus,
Je vy bien que j’estois en l’isle des bardaches
Où jamais n’habita la doüillette Venus.

Laissant ces pelerins aller à Sainct Fiacre,
Fuyans du pont de Sé les tonnerres grondants,
Je vy le chaperon d’un gerfaut, ou d’un sacre,
Qu’une hostesse invoquoit pour la rage des dents.

Hecatte estoit au bout de sa nocturne borne,
La Nuict des atelloit ses penibles moreaux,
Lors que le dieu Morphé par la porte de corne
Me fit voir en songeant ces prodiges nouveaux.