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De mes forts bataillons, et quels peuples estranges
N’ont encore entendu célébrer mes louanges ?
Qui m’a veu retourner de mes exploits guerriers
Que le col tout chargé d’honorables lauriers ?
Qui plus prodignement recognoit les fideles ?
Qui plus cruellement sçait punir les rebelles ?
Quel fleuve de l’Orient n’a veu grossir ses eaux
Du sang de mes mutins, et rougir ses cristaux ?

Je ne veux pour tesmoings de ma force sublime
Que les champs d’Idumée et les murs de Solime,
Quand à Sedechias, vassal audacieux,
Malgré le Dieu d’Isaac, je fis crever les yeux.
Après qu’il veid sa race à ses pieds massacrée.
Et des esclaves juifs ma couronne adorée !

Ainsi ce Rodomont, s’estimant immortel,
Contoit poüilles au sort, crachoit contre le ciel,
Lors que Dieu, pour venger ses grandeurs offencées.
Le rendit compagnon des bestes insensées.

Se souviennent les roys qu’en terre ils tiennent lieu
De vigilants pasteurs sur le peuple de Dieu,
Que l’intendant du ciel leurs exploits et leurs gestes
Un jour controllera. Ouy, grands princes, vous estes
Créez pour vos vassaux : vos vassaux ne sont pas
Exprez creez pour vous (bien qu’ils doivent tout bas
Adorer vos grandeurs, comme medailles saintes
Où sont de l’Eternel les majestez empreintes).
Ils vous doivent l’honneur, vous leur devez l’amour ;
Les yeux ne sont pas faits pour le plaisir du jour,
Mais le jour pour les yeux ; le peuple fait les princes,
Non les princes le peuple ; il se voit des provinces
Qui subsistent sans rois, mais un roy sans subjeets
N’est plus roy que de nom, de treffles et d’eschets.