Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le canevas plus net rend plus nette l’ouvrage ;
S’il est gros et ouvert, on ne l’estend si fort ;
S’il est estroit et mince, on l’estend d’avantage,
Tant qae le plus souvent on deschire le bord.

Selon le canevas on choisit les aiguilles,
Les fines pour les fins, les grosses pour les gros,
Au petit poinct, il faut besongner des subtiles,
Mais les plus grosses sont au gros point à-propos.

Nous faisons si souvent nostre aiguille afilée.
Par dessus et dessouz nos canevas passer,
Que nostre laine estant jusqu’au cul employée,
Il nous faut par le cul l’aiguille repasser.

Nous ne nous servons point d’une morte teincture.
Car d’autant qu’en nostre art la nature imitons
Et que le vif est propre à la vive nature,
Nous choisissons le vif, et le mort rejettons.

Le bleu, le colombin sont des couleurs aimables ;
Riche est l’incarnadin, le gris est honoré ;
liais les couleurs que plus nous avons agreables,
Sont les couleurs de chair et le jaune doré.

Le verd est la couleur de tous la mieux vouluë,
Mais le jaune doré n’a pas moins de vigueur ;
Si le premier egaye et conforte la veuë,
L’autre egaye et conforte et la veuë et le cœur.

Mais nous ne travaillons tous en mesmes ouvrages :
L’une fait des lyons, des ours, des elepbans,
L’autre se plaist aux fruicts, l’autre aux grands personnages,
Et l’autre ne se plaist qu’à faire des enfans.