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Ouy, nous devons sçavoir maintes gentilles choses,
Si nous voulons atteindre à la perfeetion,
Estudier Ovide en ses Metamorphoses,
Et sur tout retenir la fable d’Acteon.

Nous sçavons les amours de Pirame et Tisbée,
Et comme Pasiphae s’accouple d’un taureau,
Au sein de Danné la pluye d’or tombée,
Et Leandre amoureux fendre les plis de l’eau.

La guerre d’Ition nous doit d’être cognuë,
Le débat de la pomme avec son jugement,
Mais si nous voulons voir Cyprine toute nuë,
Nous jettons à l’escart chemise et vestement.

Nous sçavons bien aussi comme ceste déesse
Plante un double pennache au front de son cornu ;
Comme lasse de Mars, Anchise elle caresse,
En quittant le premier pour le dernier venu.

Nous sçavons qu’Icarus, prenant trop haut son erre,
Puny de son orgueil, dedans la mer fondit ;
Donc pour ne choir plus bas que du lict en la terre,
Nous ne voulons plus haut que de la terre au lict.

Or afin d’enseigner les plus jeunes novices,
Et leur faire sçavoir nostre estat tout entier,
Nous voulons anjourd’huy monstrer nos artifices
Et descouvrir à tous les secrets du mestier.

Dans ce mestier de bois premierement s’enferme
Le canevas pourtraict et roullé par les bouts ;
Puis nous le roidissons et bandons fort et ferme,
Afin de mieux passer l’aiguille dans les trous.