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La justice et les loix, helas ! et où sont-elles ?
Se pourroit il trouver encor des estincelles
De l’antique justice, alors que le bon droit
D’un prolixe babil jamais ne dependoit.
Que l’innocent n’avoit de plus certains refuges
Que le giron des loix et le sein de ses juges,
Juges qui lors rendoiént la justice gratis,
Qui favorisoient moins les grands que les petits,
Amis jusqu’à l’autel, inflexibles aux larmes
Qu’une garce respand de ses yeux pleins de charmes.
Qu’avarice jamais n’empestra dans sa glus.

Bien loing de ressembler ces juges dissolus
Qui par or, par presens, par faveur ou par crainte
Corrompent, corrompus, une vierge si saincte.

Justice, l’œil du monde et l’organe des lois,
La baze de l’Estat, le bras dextre des rois.
Fille aisnée de Dieu, sans laquelle les hommes
Vivroient brutallement en la terre où nous sommes,
Nourrice de la Paix, dont l’image doré
Des injustes volleurs est mesme reveré.
Voire l’Enfer, qui n’est qu’un ordonné desordre,
Sans justice verroit desordonner son ordre.

Et vous la banissez, hommes vrayment du temps,
Vous vendez ceste nimphe à beaux deniers contans.
Vous mettez à l’encan le droit et la justice.
Et par la porte d’or vous renvoyez le vice.
A vostre quousque : Sysammes déguisez,
Ne rencontrerez-vous jamais de Cambisez ?
Arrabes Arrabins, Alexandre Severe
Vous peut il regarder sans se mettre en collere ?