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Car c’est par luy qu’elle est incessamment regie :
Trop bien souhaitteroy-je une candide vie
Aux enfans de Levi, qui font vœu solennel
De servir humblenent le grand Dieu éternel.

Prestres, combien vos mains doivent estre sans crime.
Qui touchent tous les jours l’incruente victime !
Ce qui n’est au mondain qu’un peché veniel
Vous est un sacrilege : un ange dans le ciel
En office n’est pas tant qu’un prestre en la terre ;
Aussi ne faut-il pas que le monde l’enserre,
Que la chair le pourrisse et qu’il traîne ses fers.
Esclave souz le joug du tiran des enfers.

Mais il est anjourd’huy tant de Judas au monde
Qui vendent le sang juste, avarice profonde !
Disciples de Simon, bigames imprudents,
Damnables mesnagers qui se vont marchandans
Des Estats de l’Eglise, Eglise qui soubz ange
Ne laisse pas longtemps ses froments en pillage
A ces sangliers en rût, o sacrilèges loups !
L’espouse sçaura bien s’en plaindre à son espoux :
Ses trésors sont sacrez, c’est de l’aigle la plume.
Qui sans se consumer toutes autres consume.

Nous sommes le troupeau, vous estes les pasteurs,
Nous l’Eglise pupile et vous ses curateurs,
Comptables devant Dieu de vostre diligence.
Car, outre les habits et frugale despence
(Enfans de Giezi), vous ne possédez rien
Qui n’appartienne au pauvre : à quoy donc tant de bien,

Tant de train, tant d’éclat de brancards, de carrosses.
Tant d’oyseaux, tant de chiens, de mittres et de crosses,
Lasche poligamie ! ô temps ! ô mœurs ! ô rois !
Que servent en vos mains la justice et les lois ?