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Dites, qu’avez-vous fait de ce grand capitaine ? »
Et, comme l’empereur ne lui répondait pas,
Elle sentit ses yeux voilés par le trépas.
« Je meurs, soutenez-moi, dit-elle à ses suivantes.
Avec leurs bien-aimés que d’autres soient vivantes !
Moi qui n’ai plus le mien, je le suis au tombeau.
C’était le plus vaillant et c’était le plus beau !
Quelle était sa fierté, sa bravoure, sa grâce !
De quel air triomphant il portait la cuirasse !
Que n’ai-je pu, Roland, m’en aller avec toi !
Maintenant, je te suis ; veux-tu toujours de moi ?
— Je vous offre mon fils, l’héritier du royaume, »
Lui disait l’empereur, pâle comme un fantôme ;
Mais elle détournait la tête avec dédain,
Aimant le fils du roi moins que son paladin.

On l’enterra, le soir, au fond d’une chapelle.
Les cloches dans les airs, pleurant Aude la belle,
Accompagnaient en chœur son âme dans l’azur.
On lui fit un tombeau du marbre le plus pur,
Merveille où le ciseau du statuaire habile
Donna la vie et l’âme à la pierre immobile.
On y voyait Roland et ses hardis travaux,
Ses victoires partout, sa chute à Roncevaux.