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Comme un lis des jardins au calice argenté,
La belle Aude était là, dans sa fleur de beauté,
La vierge que Roland, quand il revint d’Asie,
Pour noble fiancée, un jour, s’était choisie.
Blonde, elle était pareille à l’ange qu’il rêvait ;
Un sourire enchaîna ce grand cœur ; il devait
La conduire à l’autel à son retour d’Espagne,
Qui serait, disait-il, sa dernière campagne.
Donc, la belle était là dans ses riches habits.
Elle portait au front un cercle de rubis,
Un présent de l’amour, qu’il lui donna lui-même
Après qu’il eut d’un roi brisé le diadème.

Au son des instruments, les joyeux compagnons
Défilaient sous ses yeux, Picards et Bourguignons,
Et ceux de la Gascogne et ceux de la Lorraine
« Quelle est, se disaient-ils en passant, cette reine ?
D’où lui vient cette grâce et cette majesté ?
Elle aura pris sans doute à la moisson d’été
La couleur des cheveux qui pendent sous ses voiles,
Et ses yeux ont volé des rayons aux étoiles ! »
Au son des instruments quand tous eurent passé :
« Où donc, murmura-t-elle, est mon doux fiancé ?
Vous tous qui revenez de l’Espagne lointaine,