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Comme un de ces grands pins renversés par la foudre,
A l’heure où le héros s’affaissait dans la poudre,
On entendit au loin, de déserts en déserts,
Trente mille clairons retentir dans les airs.
Surpris, épouvantés. au bruit de ces fanfares,
« C’est Charles qui revient, se disent les barbares ;
Fuyons, car il aimait ce soldat, son parent :
Quand il le verra mort, son courroux sera grand ! »


V

Donc, ils ont fui. Roland sur son bras se soulève ;
Ses yeux sont obscurcis ; il ne voit plus. Il rêve.
A force de souffler dans son rude oliphant,
Il a fait éclater sa tempe qui se fend :
Le sang coule à ruisseaux de la blessure rose,
Et son épée à terre, inutile, repose.
Survivra-t-il, Seigneur, jusques au lendemain ?
Dans son délire, il croit sentir comme une main
Furtive. qui saisit dans sa main entrouverte
Sa chère Durandal qui rougit l’herbe verte.
« Non, non ! dit le héros en relevant le front.
Tu ne subiras pas, noble fer, cet affront,