Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

A ces mots, le baron, dont le poing se resserre.
Assène un coup si fort sur son rude adversaire
Que le tranchant du fer pourfend jusqu’à l’arçon
Et la cuirasse, et l’homme, et le caparaçon,
Et que le même coup vient frapper la monture
Dont il tranche le dos, sans chercher la jointure :
Et l’exploit est si beau que Turpin, satisfait,
Dit : « Pour un hérétique, il a reçu son fait ! »
Alors, comme la grêle au plus fort de l’orage,
Les païens rassemblés poussent des cris de rage,
Et, sortant tout à coup des ravins, des halliers,
Sur le dernier des preux s’abattent par milliers.
Là sont ces combattants nés d’une souche impie,
Fils de la Bactriane et de l’Éthiopie.
Soldats et cavaliers, souples, nerveux, ardents,
Faces noires qui n’ont rien de blanc que les dents.
Zurfalou devant lui pousse leur foule atroce,
Zurfalou, fils du roi qui règne à Saragosse,
Et qui, pour la bataille, aux suprêmes instants,
Convoque du désert les derniers habitants.
Comme un reptile impur qui, redressé dans l’herbe,
Marcherait presque droit contre un lion superbe :
« Rends-toi, dit le barbare au héros confondu,
A quoi bon résister ? Ganelon t’a vendu !