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Revient subitement, le front plissé d’ennui,
Car un bruit de malheur est venu jusqu’à lui.
Comme il marchait, superbe, en tête de l’armée,
Comme il touchait bientôt à sa frontière aimée,
Il a cru tout à coup, sur un rhythme dolent.
Entendre retentir la trompe de Roland.
La note était si triste et si désespérée,
Que tout homme à l’entendre avait l’âme navrée,
Et que lui, Charlemagne, a dit : « C’est mon neveu
Qui m’appelle ; il s’agit de répondre à ce vœu !
Il faut que sa détresse à cette heure soit grande,
Pour qu’il songe au secours et qu’il me le demande !
Allons ! » Et, repassant par le chemin connu,
Au val de Roncevaux le voilà revenu.
Escorté des meilleurs chevaliers du royaume,
De tous ceux dont le nom brille autant que le heaume.
Il arrive, il se hâte, il excite le flanc
De son cheval robuste, et l’aquilon sifflant
Étale sur l’acier de sa cuirasse blanche
Sa barbe de vieillard qui tombe en avalanche.
« Qui te retient ce soir dans ce val ténébreux ?
Où donc es-tu, Roland, toi la fleur de mes preux ?
Toi, mon cher compagnon de guerre et de conquête ?
Que si quelque péril a menacé ta tête,