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Et vingt autres encor que l’on ne nomme pas.
Tout était déjà prêt pour le joyeux repas :
Les vins de Malvoisie et les vins de Madère,
Les sorbets, dont la glace au besoin les modère,
Les quartiers de mouton, la poule et la perdrix,
Et les gâteaux vermeils de maïs et de riz.
Puis venaient les chanteurs accordant leurs cithares ;
Puis les filles du Nil aux attitudes rares,
Qui, le sein découvert et le rubis au front,
Autour des conviés devaient danser en rond.

Instruit de ce banquet qu’on prépare à la noce :
« C’est fort bien, dit Roland, je prendrai Saragosse !
Au festin nuptial j’invite les barons,
Et les vins du bon roi, c’est nous qui les boirons. »
C’était, dit la chronique, une rude entreprise ;
N’importe ! avant la nuit Saragosse fut prise.

Sous le toit de Manille, on trouva le festin
Tout servi. Les barons, qui depuis le matin
N’avaient mangé ni bu, s’assirent à la table.
Les plats d’or exhalaient un fumet délectable.
Les vins les plus exquis des vignobles voisins
Étaient là. Destinés aux gosiers sarrasins,