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Ce ne fut point sans lutte et sans durs abordages :
Les chevaliers persans, suspendus aux cordages,
Résistaient ; on arma les moindres matelots.
L’air était obscurci d’un vol de javelots.
L’amiral de la flotte, acculé sur sa poupe.
Se battait en soldat ; il décimait la troupe
Du chevalier chrétien follement engagé ;
Mais enfin le héros fut bien dédommagé :
Il prit tout ; des écrins faisant sauter les boucles,
Il prit les diamants, il prit les escarboucles,
Les rubis, les onyx et les esterminaux.
A la douce clarté qui tombait des fanaux,
Il fouilla chaque nef jusques à fond de cale.
Il prit tout : les chevaux de race orientale,
Les bahuts, les tapis, les oiseaux, réservant
Les femmes seulement pour les mettre au couvent.
« Tout sera pour mon roi, tout est pour Charlemagne,
Disait-il ; c’est trop beau pour un Maure d’Espagne ! »
Il ne voulut garder d’un si vaste butin
Qu’un diamant petit et de prix incertain.
« Je ferai, disait-il, dans l’or de ma visière,
Quand j’en aurai le temps, incruster cette pierre.
Ça reluit : j’aurai l’air d’un prince d’Orient. »
Mais, voyant, là-dessus, un pauvre mendiant