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Tu me sembles friand du sainfoin de ce pré.
Quand nous repartirons, je te rappellerai. »
Lui-même, dans cet air plus frais qui nous délasse,
Il relâcha les nœuds qui serraient sa cuirasse,
Déposa son épée, et, dans l’herbe étendue,
Savoura la douceur de ce repos bien dû.

Or, pendant qu’il dormait sous le frêne et le tremble,
Il survint quatre rois qui cheminaient ensemble,
Quatre rois sarrasins qui, par monts et par vaux,
Allaient sans courtisans et même sans chevaux,
Et dont l’accoutrement, la sueur et le hâle
Dissimulaient un peu la dignité royale.
Ils allaient, grignotant en chemin quelques noix.
L’un était Astaro, dit le Carthaginois,
Parce qu’il se vantait d’avoir eu pour ancêtre
Annibal en personne, et cela pouvait être ;
L’autre, avec ses cheveux pendant jusqu’au talon
Et son arc à la main, avait l’air d’Absalon ;
Il s’appelait Bismare et venait de Mont-Nigre ;
Yodil, le troisième, aux moustaches de tigre,
Avait à Salamanque un pouvoir établi ;
Le nom du quatrième est resté dans l’oubli.
Comme un troupeau de loups qui s’assemble et qui rôde,