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L’armée était en deuil. « Les temps nous sont contraires,
Disaient les chevaliers ; qui nous rendra nos frères ?
Qui nous rendra ces preux aimés pour leur talent !
— Je prétends l’essayer, » dit à la fin Roland.
Cette parole dite, il se met en besogne.
Que faire pour tenter l’impassible Grandogne ?
Il jeta sur des chars tout ce qu’on peut rêver
De présents merveilleux, et s’en vint le trouver.
« Grandogne, lui dit-il, dont j’honore la race,
Fils du roi Cappuel qui règne sur la Thrace,
Personne plus que moi n’estime ta vertu !
Pour me rendre nos preux, dis, que demandes-tu ?
Je suis prêt à payer la rançon la plus forte.
Considère avec soin les présents que j’apporte :
Les tapis d’Orient, vingt mille besants d’or,
Des autours, des faucons rapides à l’essor,
Les vases ciselés, joyaux d’orfèvrerie,
Ou ces riches manteaux en drap d’Alexandrie.
— De tes présents, baron, dit l’émir attentif,
Je n’en veux qu’un. — Lequel ? — Ton cheval Veillantif.
Ce que j’entends conter parmi nous me fait croire
Qu’à ce cheval magique appartient la victoire.
— C’est beaucoup demander, lui répondit Roland.
Eh quoi ! ce noble ami, ce compagnon vaillant,