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— Qu’il en soit de ce cœur, épondit l’homme élu,
Qu’il en soit aujourd’hui comme Dieu l’a voulu :
Au nom du Père, au nom du Fils, je te baptise.
Au nom du Dieu vivant, reine, entre dans l’Église !
Mais, quel que soit le sceau de ta nouvelle foi,
Retourne à ton époux et retourne à ton roi.
Il est écrit là-haut, dans une loi jalouse :
Rien ne désunira le mari de l’épouse. »
Va donc ; et, si tu peux, douce et tendre pour lui,
Communique à son cœur la clarté qui t’a lui. »

Au palais de l’émir la reine revenue
Dit ce qu’elle avait fait, d’une voix ingénue.
Hélas ! qui peut toucher le cœur des scélérats ?
« Puisqu’il en est ainsi, tu mourras, tu mourras !
Dit le Maure en courroux ; tu porteras la peine
De cette trahison ! » Puis il saisit la reine
Pour la précipiter de sa tour à créneaux
Dans le torrent qui roule au bas ses sombres eaux.
En vain la faible femme aux pierres des murailles
Se cramponnait des doigts ; le mari sans entrailles.
Insensible à ses pleurs, à ses gémissements,
La jeta du sommet aux gouffres écumants.
Ce fut affreux… La tour est très-haute, l’abîme