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L’armée agenouillée enveloppait l’autel.
Là se trouvaient Yvoire et le noble Réthel.
Anséis, Bérenger, le jeune comte Ascagne.
Philippe de Lorraine et Thibaut de Champagne.
Des marches de l’autel, bâti sur le gazon,
Les soldats contemplaient un immense horizon.
Vaste terre promise où le regard se joue :
Et le soleil levant, de Burgos à Cordoue,
Illuminait les bois et les châteaux lointains.
Et la neige des monts sur les pics argentins.
Quand l’archevêque en fut au moment de l’office
Où descend sur l’autel l’agneau du sacrifice,
Tous les fiers compagnons vinrent, à deux genoux
Se nourrir de ce pain qui met la force en nous :
Heure sainte ! on eût dit que l’aurore avertie
Sortait de l’orient pour éclairer l’hostie.
Ce fut à ce moment que des cris de démons
Frappèrent tout à coup l’écho des vastes monts :
Les Sarrasins, armés de piques et de pierres,
S’élançaient de partout, des bois, des fondrières,
Et, réclamant l’appui de leur dieu Tervagan,
Accouraient vers nos preux comme un sombre ouragan.
L’évêque, sur l’autel, déposa le ciboire :
« O Dieu vivant, dit-il, tu nous dois la victoire ! »