Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans sa grande chapelle assise aux bords du Rhin,
Les jours de grande fête, il chantait au lutrin ;
Et, quand il entonnait le psaume ou les épîtres,
Sa voix faisait trembler les piliers et les vitres.
En carême, il allait à vêpres, au sermon,
Psalmodiait David, mais blâmait Salomon
D’avoir eu sous son toit trop de femmes d’Asie :
« Une femme suffit quand elle est bien choisie. »
C’était un des propos qu’il répétait souvent.
Enfin, ayant vaqué depuis le jour levant
Aux soins de son royaume, à ceux de sa demeure,
Le puissant empereur se couchait de bonne heure.
Le lit, de pourpre et d’or, était éblouissant.
Alors, cent chevaliers, hommes de noble sang,
En cercle se rangeaient autour de cette couche.
Sans faire un mouvement, sans remuer la bouche,
L’épée au ceinturon, un cierge dans la main,
Ils restaient là, veillant jusques au lendemain ;
C’était dans le palais un silence suprême,
Et le vaste univers semblait dormir lui-même.

C’est bien ; mais, quand la guerre embouchant ses clairons
Réveillait le monarque ainsi que les barons,
Il transformait soudain toutes ses habitudes.