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« Empereur, dit l’un d’eux, au nom du roi Marsille,
Nous venons le trouver. Après tant de combats,
Il voudrait aujourd’hui mettre les armes bas.
Toi-même, ayant sué si longtemps sous le heaume,
Tu dois avoir besoin de revoir ton royaume.
Tes chevaliers sont las, tes chevaux fatigués ;
Tristes, ils ont passé tant de monts, tant de gués,
Qu’ils ont au cœur le mal de l’absente patrie.
On expie à la fin trop de chevalerie.
Si tu conclus la paix et consens à partir,
Écoute, — aucun de nous n’est homme à te mentir, —
Marsille, au bout d’un mois, dans ton palais de France
Ira te retrouver ; il t’en donne assurance.
Il ira sans escorte, et, devenu chrétien,
S’il te faut un vassal, il deviendra le tien.
Accepte, en attendant, les présents qu’il t’envoie,
Ces tuniques de pourpre et ces tapis de soie,
Des ours, des lévriers en laisse et des chameaux. »

L’empereur, attentif, se recueille à ces mots.
Il ne se doute point que ce peuple parjure
Machine contre lui l’artifice et l’injure.
Or, pendant qu’il médite et ne se résout pas,
Un des ambassadeurs à Roland dit tout bas :