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Ces pâles mendiants qui n’ont ni feu ni lieu,
Sont tous auprès de nous les envoyés de Dieu. »

L’empereur Charlemagne, à la barbe fleurie,
Était le lendemain dans son hôtellerie ;
Aigoland vint le voir et reçut bon accueil :
Or, le chef mécréant aperçut, dès le seuil,
Des convives nombreux, tous hommes respectables,
Qui, dans un grand festin, entouraient douze tables.
La maison s’emplissait d’heureux bourdonnements ;
Les pages circulaient portant des plats fumants,
D’autres, sur un tréteau, jouaient de la cithare.

« Quels sont ces conviés ? demanda le barbare.
— Ceux-ci, dit l’empereur, sont les princes du sang ;
Ceux-là, les chevaliers qui m’ont fait tout-puissant,
Les comtes, les barons qui m’ont soumis la terre :
Tu les reconnais tous à l’habit militaire,
A leurs casques d’acier, au lambris suspendus.
Ceux qui, vêtus de blanc et les cheveux tondus,
Mangent un peu plus loin, sont les hommes d’Église,
Les évêques mitrés, à barbe blanche ou grise,
Les diacres, les abbés qui, doucement penchés,
La veille des grands jours, absolvent nos péchés.