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C’était le seul endroit de cette corpulence
Où pût entrer la mort avec un fer de lance.
Ainsi l’avait prédit l’oracle d’Apollon :
« Ferragus au nombril, comme Achille au talon ! »
Il blêmit ; son front pâle et pris d’un froid de glace
Apparut comme un pic où la neige s’entasse.
Il tourna sur ses pieds, et, chancelant trois fois,
S’affaissa sur le thym qu’il écrasa du poids.
« Je suis frappé, dit-il ; mais, pour être sincère,
J’avais là sur les bras un terrible adversaire !
C’est un trait de lumière ; il m’apporte la foi :
Je veux mourir chrétien ; Roland, baptise-moi ! »

Au bord de cette plaine il est une onde errante
Qui, sous le clair soleil, s’écoule transparente,
Et que les saules verts ombragent d’un rideau :
Le chevalier courut y chercher un peu d’eau.
A midi, sous le feu de l’été qui s’épanche,
Il atteint au gravier de la rive, il s’y penche,
Il y puise de l’eau dans le creux de sa main,
Et, sans perdre une goutte, il reprend son chemin.

C’est ainsi qu’un païen demanda le baptême,
Et, mourant, le reçut de son vainqueur lui-même !