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Le nuage à l’esprit que ce mystère donne
Suffit pour mettre obstacle à ma conversion.
— Bah ! répondit Roland, la belle objection !
Lorsque vous entendez résonner une lyre,
Comment donc se produit le son que l’on admire ?
L’art, le musicien qui la tient dans ses doigts.
La corde qui frémit, tout cela fait bien trois ;
Cela ne fait pourtant qu’une seule harmonie.
Ainsi doit s’expliquer la Trinité bénie.
— C’est très-ingénieux, répond le mécréant,
Mais cela n’est pas clair, même pour un géant.
Pourrais-tu me donner encore un autre exemple ?
— Volontiers, dit Roland, car la matière est ample.
Considère là-haut ce radieux soleil :
La splendeur, la chaleur et le reflet vermeil
Sont les trois éléments dont l’astre se compose,
Et tout cela pourtant n’est qu’une seule chose.
— Très-bien ! dit le géant ; c’est vrai, quoique subtil.
Un peut donc être trois ; mais comment se fait-il
Que Dieu le Père existe et n’ait pas eu d’ancêtre ?
L’axiome est banal : Rien de rien ne peut naître. »

Le chevalier chrétien réfléchit un moment.