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Il portait un habit rapiécé de la peau
De quatre bœufs, choisis dans un large troupeau.
Et pour lance, à la main, en signe de sa force.
Tenait un chêne entier dépouillé de l’écorce.
Il mangeait trois moutons à son petit repas.
Au-devant de l’armée il vint donc, à grands pas.
Et, d’une voix qui fit palpiter la campagne.
Il jeta ses défis aux preux de Charlemagne :
« O vous tous, compagnons de l’empereur et roi,
Venez, si vous l’osez, vous mesurer à moi ! »
Roger, tout reluisant du haubert qu’il endosse.
Répondit bravement à l’appel du colosse.
Rapide, et frappant l’air de quelques cris aigus.
Il brandit contre lui sa lance. Ferragus
Le désarma, le prit sans résistance vaine,
Et le mit sous son bras, et n’eut pas plus de peine
Qu’un pâtre n’a de peine, en allant au marché,
A porter un agneau sous son bras attaché.
Là-haut, vers la cité, dans sa partie externe,
Le géant possédait une vieille citerne :
Il y jeta Roger ; puis il redescendit,
Et son cri de lion de nouveau s’entendit.
Ogier de Danemark, à son tour, sans jactance,
Tira sa bonne épée et franchit la distance.