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Le héros, sans quitter seulement son épée,
Avala ce cristal d’une seule lampée.
« Aucun vin bourguignon n’aurait plus de vertu
Que cette eau, dit le preux ; mais toi, qui donc es-tu ?
— Moi, répondit l’enfant, sans trop de gaucherie,
Je suis le fils d’Ailis, prince de Barbarie ;
Je me nomme Zabel, je devais être roi ;
Mais on m’a tant parlé de toi, toujours de toi,
Qu’un soir, me dépouillant de tous mes droits au trône,
Et dût-il m’en coûter de vivre enfin d’aumône.
J’ai tout quitté, mon père et ma mère Yola,
Tout quitté sans regrets pour le suivre ; et voilà !
— Si tu me promettais, dit Roland, d’être sage,
Je puis te recueillir et te prendre pour page.
— Qu’est-ce qu’un page ? dit le jeune aventurier.
— C’est un svelte garçon qui nous tient l’étrier,
Répondit le baron, quand nous montons en selle,
Et qui montre à propos de l’esprit et du zèle.
Il devient éculer quand le maître est content.
Voudrais-tu ?

Voudrais-tu ? — Si je veux ! je n’espérais pas tant, »
Reprit le moricaud, riant de ses dents blanches.
A ce mot, le baron le tira par ses manches,