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Ne pouvait entraîner loin des soldats d’Hector
Le corps du cher Patrocle, étendu tiède encor.
Ainsi que des corbeaux, les fantassins de Troie
Fondaient sur la dépouille, ardents à cette proie.
Les uns poussés de haine et les autres d’amour,
On se rue, on se heurte, on combat tout autour.

» Ce fut à ce moment que le fils de Pelée
Accourut de sa tente et vit cette mêlée.
Il la voit, il s’approche et ne s’y jette pas.
Minerve ainsi le veut, qui gouverne ses pas.
Nu, d’ailleurs, dépouillé de l’armure perdue,
Sa vengeance aujourd’hui doit rester suspendue.
Que peut-il sans le glaive et sans le bouclier ?
Donc, semblable au taureau qu’un pâtre a su lier,
Il ne dépasse pas le fossé, mais sa bouche
A travers le combat pousse un cri si farouche,
Que les tours d’Ilion chancellent à ce bruit.
Le vent de la peur souffle, on se disperse, on fuit,
Et, dans un tourbillon de rapide poussière,
Chariots et coursiers, tout se jette en arrière !… »