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Et qu’à travers les eaux, ses nymphes, cour fidèle,
S’empressent d’accourir et pleurent autour d’elle.

» Or, couché dans sa tente et navré de douleurs :
« Que je meure à l’instant », disait Achille en pleurs,
» Moi qui, sans l’assister, moi qui, sans le défendre,
« Ai pu laisser périr mon ami le plus tendre !
« Il est mort, invoquant peut-être mon appui.
» Et moi, je restais là, je dormais loin de lui !
» O discordes des rois, colères insensées,
» Misérables dépits des âmes offensées,
» Qui troublez, comme un vin, notre faible raison,
» Je n’ai que trop goûté de votre amer poison !
» J’ai, du larcin d’Atride occupant ma mémoire,
» Trop vengé mon injure aux dépens de ma gloire.
» Trêve aux ressentiments, que tout soit effacé,
» Qu’on ne me parle plus de tout ce vain passé !
» Je retourne au combat, j’y revole sur l’heure ;
» Malheur au meurtrier de celui que je pleure !
» Fais-moi trouver Hector, qu’il tombe sous mon bras,
» Et puis, ô Jupiter, je meurs quand tu voudras ! »

» Les Grecs cédaient, pourtant ; leur troupe fugitive,
Courant vers les vaisseaux alignés à la rive,