Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

Des armes du héros empruntant la vertu,
Patrocle, ce jour-là, s’en était revêtu,
Et, fier de cette armure ajustée à sa taille,
Il s’était, des premiers, lancé vers la bataille.
Patrocle est du héros le plus cher compagnon,
Celui dont l’amour même en lui grave le nom.
Quel sera le destin de ce cher frère d’armes ?…
Tandis qu’il y songeait, Nestor, les yeux en larmes,
Morne, arrive à sa tente, et, s’arrêtant au seuil :
« O douleur, » lui dit-il, « irréparable deuil !
» Il n’est plus ; son corps gît étendu sur l’arène,
» Cadavre que tes yeux reconnaîtraient à peine ;
» Et tes armes, le glaive et la cuirasse d’or,
» Tes armes sont aux mains de l’homicide Hector ! »

» Achille, à ce discours, sent sur son froid visage
Passer de la douleur le livide nuage.
Comme un pin, quand le dieu vient de le foudroyer,
Il s’incline, et, prenant la cendre à son foyer,
Il verse lentement cette pâle souillure
Sur son front, sur ses yeux et sur sa chevelure.
Un sanglot sort enfin de son âme, éclatant,
Tel qu’au fond de la mer Thétis même l’entend,