Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

Menait ces combattants qui, le fer à la main,
Devaient aux murs d’Argos frapper le lendemain.
Épars sur les gazons, en attendant l’aurore,
Ceux-ci dormaient, ceux-là buvaient à pleine amphore ;
Éclairés par la lune aux paisibles lueurs,
D’autres lançaient le dé d’ivoire, âpres joueurs.

« Holà ! connaissez-vous ce vieillard qui chemine ?
Dit un de ces derniers, soldat à rude mine.
Méfions-nous, amis, de ces haillons fangeux.
Vient-il furtivement dérober nos enjeux ? »

Le vieillard s’arrêta sur le bord de la route.
« Je ne suis pas, dit-il, ce voleur qu’on redoute ;
Je ne suis qu’un chanteur qui passe en mendiant. »

» Un chanteur ! firent-ils tous ensemble, riant ;
Une lyre, en effet, est pendue à sa hanche.
Eh bien, divertis-nous, chanteur à barbe blanche ;
Tu boiras à ce prix un flot de notre vin. »

Entouré de leur groupe, alors, l’homme divin
Prit sa lyre, et les bois au loin firent silence.