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A peine avec effort, dans ma sombre pensée,
J’en retrouve parfois une image effacée.
Soleil ! toi qui d’en haut lances tes flèches d’or,
Il fut pourtant des jours où, fier et jeune encor,
Et les deux yeux ouverts à ta douce lumière,
Je marchais devant toi dans ma force première !
Qu’ai-je fait de ces jours ? J’ai passé, j’ai vécu.
Je défiais le temps, et le temps m’a vaincu -,
Et je n’ai rien sauvé, de ce combat suprême,
Que l’écho d’une voix qui s’éteint elle-même.
La cigale ainsi chante aux beaux jours de l’été,
Puis, quand revient l’hiver au souffle redouté,
L’indigente chanteuse humblement se retire,
Et, dans son nid obscur, en silence elle expire.
Fais comme elle, ô chanteur ! puisque c’est là le sort ;
Regagne ton berceau pour y trouver la mort.
J’irai ! des yeux du cœur je veux te voir encore,
Smyrne, chère cité, voisine de l’Aurore ;
Et toi, divin Mélès, flot pur, eau sans limon,
Fleuve qui me vis naître et me donnas ton nom !
C’est l’espoir d’un tombeau sur votre doux rivage,
Qui refait chaque jour ma force et mon courage.
Dans la vieille Argolide aujourd’hui parvenu,
Mon pied s’est retrouvé dans un sentier connu ;