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LA VIE RURALE.


Et dont les blancs naseaux, levés par intervalle,
Jettent leur tiède souffle en brouillard qui s’exhale.
C’est la brebis, l’ânesse, et les ânons joueurs
Qu’une étrange gaîté visite par lueurs.
C’est quelque vache enfin, volontiers isolée,
Dont tinte à chaque pas la clochette fêlée.
Quand un homme perdu monte là par hasard,
La bête le regarde avec son doux regard,
Et, sans autre souci du passant, continue
À ronger lentement l’herbe courte et menue.
De tous ces commensaux ruminants et broutants
On entend le bruit sourd, et puis, de temps en temps,
À l’écart, sur les bords de la lande déserte,
Les aboiements du chien qui pousse un cri d’alerte.

Un antique rideau de frênes chevelus
Ombrage ce gazon qui s’incline en talus,
Et le pied de ces bois, fendant la terre noire,
Trempe dans une eau vive où les bêtes vont boire.

Rien de plus : le troupeau, les frênes, le torrent.
Enfin, sur ces hauteurs, un jour si transparent,
Un air pur, si semblable au cristal d’une glace,
Que, si vous regardez aux confins de l’espace,