Le chaud parfum des fleurs qui bordent la fenêtre.
Plongé dans cet arôme où le rêve se fond,
Je vois de temps en temps courir sous le plafond
Des grands tilleuls du parc l’ombre qui se balance,
Et les moires de l’eau qui passent en silence.
Ô langueurs de midi, rêverie à longs flots,
Vagues sommeils qu’on dort les yeux à demi clos,
Dieu sait de quels frissons vous agitez une âme,
Quand flotte dans votre air le souffle d’une femme !
Du clavier tout à coup j’entends vibrer le son,
Une voix retentit, qui charme la maison.
Elle est fraîche et limpide, et fière et caressante :
Ce n’est pas une voix, c’est une fleur qui chante.
Murmures de l’enclos, feuillages, taisez-vous ;
Et que tout oiseau garde un silence jaloux !
L’instrument, sous la main rapide qui l’effleure,
Tantôt vibrait de joie, et le voilà qui pleure ;
Et la docile touche et l’éloquente voix
Tour à tour font silence ou parlent à la fois.
Et moi, de ces accents auditeur solitaire,
Ce que j’entends alors, plongé dans mon mystère,
C’est tout ce qu’au passage une âme peut saisir,
C’est le frémissement des ailes du désir,
C’est l’appel du ramier qu’entendra la colombe,
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HOSPITALITÉ.