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HOSPITALITÉ.


De ses magiques mains tout y porte la trace.
Chaque meuble y conserve un reflet de sa grâce ;
Ces rideaux au salon, ce jour plus adouci,
Ces fleurs dans le cristal, tout parle d’elle ici ;
Toute cette maison, silencieuse et claire.
Est moins une maison qu’un chaste sanctuaire ;
Et l’on se sent au cœur, dès qu’on franchit le seuil,
Je ne sais quel frisson que tempère l’accueil.

Moi donc, poète errant, sous ce toit diaphane
J’ai trouvé place un jour ; je suis l’hôte profane.
Je suis le passager qui s’arrête en chemin,
Et qui repart bientôt… peut-être dès demain !

Le matin, la villa s’éveille de bonne heure.
Sans bruit, les serviteurs errent dans la demeure,
Vaquant aux premiers soins que réclame le jour.
Les seuls bruits du dehors animent ce séjour :
Son de l’heure qui chante à la tour du village,
Murmure des jardins dont frémit le feuillage,
Concert des nids chanteurs sans cesse renaissant.
Par l’escalier muet, l’hôtesse enfin descend.
Au frôlement confus de sa jupe de gaze,
De loin, je la devine et sens venir l’extase.