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À UNE VIEILLE HAIE.


Et vient voir si la haie, autour d’eux bien tissue,
À de furtives mains ne laisse aucune issue.

Et pourtant, vieille haie aux bourgeons frais éclos,
Le sol que tu défends n’est pas un riche enclos :
Au Rhin, à la Gironde, aux coteaux de la Loire,
Il ne dispute pas leur fortune et leur gloire.
Le vin qu’on y recueille, humble dans ses destins,
N’est pas de ceux qu’on boit dans les brillants festins,
Et dont l’heureux convive, incliné vers son hôte,
La coupe en main, redit la louange à voix haute !
Non, c’est un vin modeste, et sobre, et familier,
Qu’on ne méprise pas cependant au cellier.
On sent à sa couleur, à la fois chaude et blonde,
Qu’il est fils d’un climat où le soleil abonde ;
Et l’on boit avec lui, dans le mince cristal,
Un peu de cet esprit qui tient du feu natal.
Après quelques saisons de repos dans la tonne,
Volontiers on le goûte aux premiers froids d’automne,
Avec de vieux amis en cercle, — illuminés
Par un feu de sarments que sa vigne a donnés !

Ô mur qui refleuris quoique ébréché par l’âge,
Protége-les donc bien, ces plants de mon cépage :