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LA VIE RURALE.

En fourchettes, en linge, elle est bien assortie ;
Donc, on laisse la fleur pour aller à l’ortie.
Que ne fais-tu point faire, ô vieille soif de l’or !
Nos pères t’accusaient, nous t’accusons encor.
Tu passas des cités aux hameaux : le rustique
Ignore tout ; il sait au moins l’arithmétique.
Margot pousse des cris. Console-toi, Margot !
Après tout, belle enfant, l’ami Jean n’est qu’un sot :
La veuve qu’il épouse est avare et ridée ;
Elle a de faux cheveux ; et puis j’ai dans l’idée
Que ta fraîche beauté, que tes yeux purs et doux
Trouveront un plus digne et plus loyal époux.
Ce n’est pas à seize ans, quand on est la plus belle,
Qu’on est la sœur du lys et de la tourterelle,
Non, ce n’est pas si tôt qu’il faut se désoler
Pour un perfide amour qui vient de s’envoler.
Dieu punit, tôt ou tard, les âmes fugitives.
Le riant avenir a d’autres perspectives :
Et l’on a vu des rois, venus dans nos vergers,
Épouser en passant des filles de bergers !