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UN JOUR DE VACANCE.


Il faut la redescendre avec des cris de fête,
Et, pour en revenir par des moyens moins longs,
On s’assied sur le drap des pauvres pantalons.
Et cela continue, et cela recommence :
Querelles et défis, triomphe, joie immense.
« Tiens, me voilà parti, je glisse mieux que toi.
— Non ! — Je suis le plus fort. — Ce n’est pas vrai, c’est moi ! »
C’est gai, c’est amusant, c’est hardi, c’est superbe !
Si les chausses, hélas ! se verdissent dans l’herbe,
Si la chemise en sort, déchirée en lambeau,
Si les mères, le soir, près d’un humble flambeau,
Après les mots amers des premières surprises,
Auront dans les tissus à faire des reprises,
Tant pis ; l’air du matin provoque aux vifs ébats.
La pelouse est glissante, et puis, ne faut-il pas,
Puisque la vie est triste et si rapide en somme,
Se consoler un peu de la mort du digne homme !

Au village prochain, bâti sur le rocher,
La cloche cependant tinte dans le clocher.
Plaintive, elle gémit sous le battant qui pèse ;
Et je ne connais rien de mieux, pour l’antithèse,
Que ce rapprochement, singulier à l’esprit,
De la cloche qui pleure à la bande qui rit !