Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/410

Cette page a été validée par deux contributeurs.
399
ÉLOGE DE L’HIVER.

Comme un navire en mer, déjà voisin des côtes,
Voit les cimes vers lui venir toujours plus hautes,
Je vois, de jour en jour, s’approcher et grandir
Les cimes du tombeau qui semblent resplendir !

Ô Dieu ! si près du bord, sur les eaux endormies,
Prolonge-moi le cours de ces heures amies :
Après tant de faux biens goûtés confusément,
Laisse-m’en savourer le chaste enivrement.
Seul en ce coin désert, lieu que j’aime et qui m’aime,
Oublieux de la terre, oublié d’elle-même,
Permets que, sous tes yeux, plus calme chaque jour,
Je m’apprête en silence aux fêtes de l’amour,
Et que mon âme enfin, semblable à l’hirondelle,
Au rivage sacré s’élance à tire-d’aile !


FIN DE LA VIE RURALE