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ÉLOGE DE L’HIVER.

Ah ! pour de pareils jours, trop rapides instants,
Combien je donnerais de vos jours de printemps !…
Jours de paix solitaire, où le sage s’enferme ;
Jours de repos fertile et de travail en germe,
Où, comme le sillon couve son grain, l’esprit
Prépare sa moisson qui dans l’ombre mûrit !

N’en est-il pas de même, ô vieil ami, d’un âge
Où la tombe, déjà, se montre au voisinage ?
Quand la mort, qui vers nous s’approche doucement,
Nous dispose au sommeil par le recueillement !
L’âme, à cette saison, se replie et s’apaise ;
Sous la neige des jours qui descend et lui pèse,
Elle est encor légère, et, fuyant tout bas lieu,
Elle se sent monter, toujours plus près de Dieu !
Un air plus transparent l’enveloppe et la baigne ;
La terre n’a plus rien qu’elle désire ou craigne ;
Et, du côté des cieux, l’horizon plus ouvert
Lui montre ce printemps qui va suivre l’hiver !

L’aurais-je cru, mon Dieu, quand la jeunesse folle
M’entraînait, le front ceint de sa blonde auréole,
Que je verrais venir, sans plainte et sans ennui,
Cette rude saison qui se lève aujourd’hui ?