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LA VIE RURALE.

Les sommets tour à tour pointent, mieux éclairés,
Jusqu’à cette minute où l’astre qui s’épanche
Couvre de sa splendeur toute la plaine blanche.
Ô lumière ! ô réveil ! — En vain, de son manteau,
L’âpre saison revêt la plaine et le coteau ;
En vain mes hauts tilleuls, sans feuille et sans murmure,
Découpent sur le ciel une aride ramure ;
À ce divin rayon qui plonge du ciel clair,
Tout s’est transfiguré dans un immense éclair,
Et chacun des troncs nus où le reflet se pose
Semble, dans un saint temple, une colonne rose !

Puis viennent des moments de tranquille douceur :
La prière attendrie, et l’étude sa sœur ;
Quelque poëte ancien, vieux maître dont soi-même
On se chante tout haut le passage qu’on aime ;
Quelque sage inspiré, — Marc-Aurèle, Augustin,
Platon, — que l’on feuillette un peu chaque matin.
On compare, on médite, on relit une page.
L’esprit qui de tout voile importun se dégage,
Dans un clair demi-jour, voit mieux se détacher
La vérité qu’il fut si longtemps à chercher.
L’heure pourtant s’écoule, et le soir tombe vite,
Dont la cloche à prier de nouveau nous invite.