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ÉLOGE DE L’HIVER.

Ce n’est plus, il est vrai, les beaux jours et leur joie ;
Ce ne sont plus les fleurs sous qui la branche ploie ;
De l’herbe et du ruisseau ce n’est plus la chanson ;
Le riche été qui dort, couché sur sa moisson ;
Ce n’est plus même, avec ses tristes harmonies,
L’automne couronné de guirlandes jaunies ;
C’est toutefois encor, dans son austérité,
Un temps dont s’est épris quiconque l’a goûté !

Il est, il est surtout, par un ciel de décembre,
Des jours de douce paix, des jours aux reflets d’ambre,
Où l’âme, à la clarté du pâle rayon d’or,
Comme une fleur d’hiver, s’épanouit encor.
On peut, même en foulant le froid tapis de givre,
Marcher d’un pas joyeux et s’applaudir de vivre !
On peut, devant un feu qui pétille au foyer,
Voir, sans ombre au cadran, les heures ondoyer. —
Moi-même, devançant l’aube qui va renaître,
Que de fois de mon lit je passe à ma fenêtre !
À travers mes vitraux, que de fois, attentif,
Je vois poindre là-haut ce premier jour furtif
Qui, de mes froids coteaux rasant les silhouettes,
Propage à l’orient ses clartés violettes ! —
Des vapeurs de la nuit émergeant par degrés,