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LA VIE RURALE.

Dit : « Chassez la nature et refermez la porte,
Par une brèche au mur elle rentre plus forte…
— La fortune au-dessus de l’âme qui s’en sert,
Dit encor quelque part ce même auteur disert,
Est un soulier trop large, et celui qui le chausse
Fait rire les passants de sa démarche fausse. »

Ainsi, dans ce Paris tu vis au jour le jour,
Opprimé sous ton or, stérile, et tour à tour
Voulant et n’osant pas regagner ton village.
Oh ! que tu ferais bien, dans un jour de courage,
D’y rentrer et d’oser, par quelque large don,
De tes anciens mépris acheter le pardon !
À ces obscurs foyers, nids de l’humble misère,
Généreux revenant, quel bien tu pourrais faire !
Que ce destin serait facile et beau pour toi,
Parti comme un fuyard, d’y rentrer comme un roi ;
De semer les ducats où manquent les oboles ;
D’apprêter un asile aux vieillards, — des écoles
À cent jeunes rôdeurs, fléau de leurs voisins,
Qui, pieds nus, vont voler, comme toi, les raisins ;
D’être enfin, par un or sur qui l’œil de Dieu brille,
À tout ce triste peuple un père de famille !